LES YEUX DE LA VILLE INSTALLATION ÉPHÉMÈRE GENÈVE
LES YEUX DE LA VILLE LE PASSAGE CHAPONNIERE Un projet d’aménagement éphémère à la rue Chaponnière, Genève Les Yeux de la Ville 2006 Service d’aménagement urbain de la Ville de Genève Mandat d’études parallèles 1er prix Rue Chaponnière, CH - 1201 Genève 2006 Il nous est proposé de concevoir un aménagement éphémère à la rue Chaponnière qui deviendra le temps d’une saison une rue piétonne. Située à proximité de la gare Cornavin, des galeries souterraines et d’une large zone piétonne, la rue Chaponnière se prête à priori à cet aménagement. Les cafetiers et commerçants, très présents dans cette rue, sont également favorables à cette idée puisque ici ce n’est pas la voiture qui amène le client et les terrasses gagneraient peut-être alors en surface. Mais suffit-il de fermer à la circulation un tronçon de la rue et d’enlever les places de parking disponibles l’été en maintenant les terrasses et assurant la livraison des différents commerces pour qu’une rue devienne espace pour piétons? Et lorsque l’on imagine cette rue sans la présence des voitures, on se la représente occupée par celle des terrasses existantes ou d’autres à venir…qui rappellent inévitablement la mesure des voitures puisque les terrasses occupent et louent les places de parking. Une rue piétonne doit pouvoir trouver ses propres dimensions sans reprendre des mesures héritées de la circulation automobile (trottoir / rangée de places de parking / rue / rangée de places de parking / trottoir). Pour trouver et donner sa mesure à la rue piétonne, considérons le « vide » dont nous disposons, cet « intérieur », cet entre-deux façade qui contient le collectif, comme un « container de la foule ». G. Teyssot définit ces espaces publics apparus au XIXe siècle tels que les passages parisiens par exemple comme des espaces « intérieurs », de transition1. À une échelle plus territoriale, considérons alors comme une succession de passages l’enchaînement des espaces piétons menant de la gare Cornavin au bord du lac. La rue Chaponnière s’intègre à cette suite de promenades propice à la flânerie. Selon W. Benjamin, la flânerie en ville est étroitement liée à l’apparition de l’idée du marché et trouve dans les passages parisiens un lieu favorable : la marchandise apparaît alors comme un élément d’attraction2. Dans le cas de la rue Chaponnière, c’est la suite presque ininterrompue et variable des commerces avec leurs terrasses qui sert déjà de marchandise. Chacun de ces commerces veut se démarquer de son voisin au moyen de son prolongement dans l’espace de la rue. Nous imaginons dès lors une installation suspendue, encadrant la rue Chaponnière. Elle ne poserait pas ses pieds au sol ; trop d’éléments composent déjà le « plancher » de cette rue si hétéroclite. Le projet propose plutôt de la mettre en valeur par une mise en perspective qui attirerait l’œil du passant de jour comme de nuit. Une série de bandes phosphorescentes seraient alors disposées régulièrement et longitudinalement à la rue, s’illuminant au fur et à mesure que l’obscurité s’installe. Une disposition homogène comme réponse à l’hétérogénéité de la rue et une orientation longitudinale qui crée un paysage perspectif reliant visuellement rue du Mont-Blanc et rue des Alpes. Ces bandes phosphorescentes (huit longueurs au total) sont maintenues par des câbles en acier qui les longent de part et d’autre et viennent rejoindre des câbles perpendiculaires accrochés et assemblés à ceux déjà présents dans la rue (câbles pour le système d’éclairage). Cette proposition permet également une liberté de négociation avec l’OTC sur les deux variantes de circulation. 1 Georges Teyssot, « Seuils et plis : pour une problématique de l’intérieur ordinaire » Epfl-DA, 1998 2 W. Benjamin, « Paris, capitale du XIXe siècle, le livre des passages », Paris : éditions du Cerf, 1989

réalisation du site: Jessica Chablais